Dans un village de 300 habitants, nous retrouvons toute la richesse culturelle de plusieurs associations évènementielles très actives (j’y reviendrai une autre fois), et une médiathèque faisant partie d’un réseau extrêmement riche, tant en termes d’ouvrages que de programmation.
Ce réseau est d’ailleurs très ouvert à toute proposition. Il a accueilli ces dernières années plusieurs de nos visiteurs : Toribio, guérisseur du peuple Q'ero au Pérou, Patricia femme médecine Diné (Navajo) du Nouveau-Mexique, et, sur cette photo, Anarshi chaman de Mongolie et Zahia, accompagnatrice et traductrice. Tous venus partager des conférences insolites et incroyablement intéressantes. Les habitants étaient au rendez-vous. Nous espérons vous voir nombreux à la prochaine conférence : 📅 jeudi 4 juillet 2025 à 18h Ahmed, guide et conteur mauritanien, vous emmènera au cœur du désert à travers récits nomades et savoirs ancestraux, avant de partager un thé à la menthe en fin de rencontre. 👉 Retrouvez les détails de cet évènement ici.
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Hier soir, sur le chemin du retour d’Issoire, après avoir retrouvé Jean Yves revenu de son périple à Cannes, la lumière nous a surpris.
Pas de face. Mais dans le rétro. Parfois, la beauté ne nous saute pas aux yeux. Elle nous attrape par surprise, dans ce qu’on croyait derrière nous. Et le cœur qui soudain s’ouvre un peu plus grand. Je vous présente Marlon — et oui, comme Marlon Brando, car il est arrivé chez nous avec ce même regard un peu sombre…
Et pourtant, Marlon est un vrai hédoniste. Adorateur du soleil, du farniente, et des câlins incessants. Aux beaux jours — et oui, car il lui faut au moins 10 degrés pour envisager de mettre une patte dehors — il se dirige chaque matin vers son muret, là où il attend patiemment que le soleil se lève derrière la colline. Un petit rituel simple qu’il ne manquerait pour rien au monde. Est-ce que ce chat n’aurait pas tout compris du Bien Vivir cher aux peuples traditionnels des Andes? Ce mode de vie ancré, où l’on honore chaque matin comme une offrande de lumière. Mais au fait, qu’est-ce que le Bien Vivir ? Le Bien Vivir (ou Buen Vivir en espagnol, Sumak Kawsay en quechua) est une philosophie de vie issue des peuples autochtones andins, notamment Quechuas et Aymaras. Elle a même été inscrite dans les constitutions de l’Équateur (2008) et de la Bolivie (2009) — mais son essence va bien au-delà des lois. Voici ce qu’elle propose : ✨ Vivre en harmonie avec la nature Cohabiter avec le monde, plutôt que le dominer. ✨ Vivre ensemble, en communauté Valoriser les liens, la parole partagée, la coopération, la réciprocité (Ayni), le respect des anciens. ✨ Chercher l’équilibre, pas l’accumulation Opter pour une simplicité choisie, attentive aux cycles et au temps long. ✨ Respecter le sacré dans le quotidien Tout est relié. Il s’agit de vivre en lien avec le vivant, dans une relation spirituelle libre, profonde, enracinée. Et si, comme Marlon, nous réapprenions à faire partie du monde, plutôt que de vouloir toujours en "tirer" quelque chose ? Je suis tombée sur cette magnifique photo de notre village…
Et plus précisément de notre lieu de vie, là, au tout premier plan, à une époque où il n’existait pas encore tel qu’on le connaît aujourd’hui. On reconnaît bien l’église, paisible, immobile. La cour de l’école, presque inchangée. Et juste en face, le futur café Chez Chantal, coiffé à l’époque d’un étage supplémentaire. Je vous parle de tout cela aujourd’hui, car avec quelques enfants du village, nous partons à la rencontre de la parole des anciens. Des bribes de mémoire, des éclats de vie, qui deviennent autant de passerelles entre les générations. Chez les peuples premiers, cette parole est sacrée. On la recueille avec soin, on l’écoute, on la laisse nous traverser, et surtout, on la fait vivre. Pas comme un souvenir figé, mais comme un feu vibrant, qui continue d’éclairer nos pas de l’intérieur. Et si nous ramenions cette sagesse au cœur de nos vies ? Juste là, entre un éclat de rire d’enfant et un silence chargé de mémoire, entre une histoire murmurée et une tasse de café partagée… 🤍 Offrandes originaires de Sibérie et de Mongolie, les foulards colorés appelés érennes, que l’on retrouve attachés aux arbres et rochers de ces contrées – principalement aux points de passage – ne sont pas de simples décorations.
Ils sont avant tout des offrandes aux Forces et Esprits de la nature. Ils marquent une présence, une prière silencieuse, un lien entre le visible et l’invisible. Cet érable rouge du jardin est l'un de nos liens aux Esprits du Vivant. Et ne se ressemblent pas ! Ou devrais-je dire: Les heures se suivent et ne se ressemblent pas ! C'est vraiment la particularité de l'Auvergne, et que nous aimons tant... Nous avons coutume de dire qu'il y fait beau dix fois par jour ! Cela nous relie à l'impermanence si chère aux Tibétains et aux bouddhistes du monde : tout change, tout passe, tout se transforme. Ce paysage me laisse toujours sans voix…
Depuis nos fenêtres, aux premières heures du jour, nous avons la chance d’en être les témoins privilégiés. Du printemps à l’automne, presque chaque matin clair nous offre ce spectacle vivant, changeant, vibrant. La brume légère s’élève en silence, exhalée par le plan d’eau et le ruisseau qui serpente en contrebas de nos prairies. Elle embrasse les arbres et caresse les pentes, diffusant la lumière en une clarté dorée. Jamais tout à fait la même, toujours pleine de nuances et de surprises. Un bonheur matinal sans cesse renouvelé – pour qui sait s’arrêter… et regarder. Coucou, me revoilà ! Vous m’avez vue il y a quelques jours, naissante, toute fripée et encore un peu intimidée par la lumière intense du jour.
Et me voici maintenant, pleinement éclose, offerte aux interactions vibrantes et palpitantes qui rythment ma journée : les abeilles sauvages qui me frôlent en bourdonnant, la caresse du vent qui me fait doucement danser, les oiseaux fripons qui se poursuivent joyeusement à travers le feuillage, et puis… ces drôles d’humains qui viennent coller leur nez indiscret sur mes pétales. Bon dimanche à tous ! (Je parle à mes congénères, bien sûr, mais aussi à tous les êtres vivants de ce jardin… et d’ailleurs) Que j'aime les observer, les écouter frémir, les voir s’ébrouer au vent…
Et surtout, sentir la présence discrète de leurs occupants : écureuils, buses, merles, chouette hulotte, pies, verdiers, mésanges bleues, mésanges huppées… Si je parviens à les photographier, je vous partagerai ça ! Nous avons la chance d’avoir une belle diversité d’arbres : bouleaux, saules, sorbiers des oiseleurs, sureaux, frênes, cerisiers sauvages… — tous originaires d’ici. Et puis, quelques amis venus d’ailleurs : un cèdre bleu de l’Atlas, des cyprès de Lawson, un cerisier du Japon, plusieurs érables rouges, des épicéas, des douglas… Ils vivent ensemble, et ils se parlent, on le sent. Ils s’organisent, ils coopèrent. Entre eux… et avec nous aussi. Tout ce petit monde cohabite, et les arbres sont vraiment les piliers de notre écosystème. Il a pourtant fallu couper les plus anciens, les grands épicéas et douglas, plantés autrefois un peu trop près des maisons voisines. Au-delà de la tristesse de ce geste, il y a eu comme un vide. Un silence nouveau. Une place à réinventer. Mais je garde précieusement leurs souvenirs, leur souffle. Et je sais qu’ils continuent à faire partie de l’histoire du lieu. Ce bouton de rhododendron en pleine éclosion et baigné de la lumière dorée du matin évoque toute la tendresse du printemps…
On sent presque le frémissement de la vie dans ses pétales encore froissés, vous ne trouvez pas ? Un vrai bonheur quotidien, d'autant plus que nos buissons de rhododendron alternent leur éclosion et leurs nuances de roses pendant plusieurs semaines. |